Publié le 15 mars 2024

Le sentiment d’un « placard plein mais rien à se mettre » n’est pas un manque de vêtements, mais un manque de stratégie. La solution est de penser sa garde-robe comme un portefeuille d’investissement.

  • Chaque pièce doit être un actif durable et polyvalent, choisi pour sa qualité et sa capacité à traverser les saisons canadiennes.
  • Apprendre à reconnaître la qualité (tissus, coutures, finitions) est la compétence clé pour cesser de gaspiller son argent.

Recommandation : Adoptez une approche d’investissement vestimentaire pour construire un style pérenne, personnel et parfaitement adapté à votre vie.

Vous ouvrez votre garde-robe le matin et le même constat s’impose : elle est pleine à craquer, mais vous n’avez « rien à vous mettre ». Cette frustration, partagée par tant de personnes, n’est souvent pas un problème de quantité, mais de cohérence. Inspirée par des démarches comme celle d’Alexandra Graveline, une professionnelle montréalaise qui a passé un an sans acheter de vêtements neufs, une prise de conscience émerge. Elle expliquait avoir réalisé une « déconnexion entre [son] comportement d’achat compulsif et d’autres valeurs comme la sobriété et l’environnement ». Ce sentiment de décalage est le point de départ d’une réflexion plus profonde sur notre consommation.

La réponse habituelle consiste à se lancer dans des achats impulsifs, séduit par les sirènes de la mode éphémère et les promotions agressives. On accumule des « bonnes affaires » qui finissent par prendre la poussière, des tendances d’une saison qui ne nous ressemblent pas vraiment. On se retrouve avec une collection de pièces dépareillées plutôt qu’une garde-robe fonctionnelle. Et si la véritable solution n’était pas d’ajouter, mais de repenser entièrement les fondations ? Si la clé n’était pas de consommer plus, mais d’investir mieux ?

Cet article propose une rupture avec ce cycle. Nous n’allons pas vous donner une simple liste de courses. Nous allons vous guider pour adopter la mentalité d’un investisseur stratégique. L’objectif est de transformer votre placard en un portefeuille d’actifs vestimentaires : un ensemble de pièces de haute qualité, choisies pour leur polyvalence, leur durabilité et leur capacité à refléter votre style personnel, le tout adapté à la réalité du climat canadien. Nous allons vous apprendre à construire un système où chaque élément a sa place et sa fonction, vous garantissant une élégance sans effort, jour après jour. Préparez-vous à déconstruire pour mieux rebâtir.

Pour vous guider dans cette démarche stratégique, cet article est structuré en plusieurs étapes clés. Vous découvrirez les pièces fondamentales sur lesquelles tout repose, apprendrez à identifier la véritable qualité, et maîtriserez l’art de la polyvalence et de l’entretien. Voici le plan de votre transformation.

Sommaire : Le guide pour une garde-robe stratégique

Les 12 pièces essentielles de la garde-robe sur lesquelles vous pouvez tout construire

Le fondement d’une garde-robe durable et efficace ne réside pas dans l’accumulation, mais dans la sélection rigoureuse d’un noyau de pièces maîtresses. Pensez à ces vêtements non pas comme de simples achats, mais comme les actifs fondamentaux de votre portefeuille stylistique. Chaque élément doit être choisi pour sa qualité intrinsèque et sa capacité à s’adapter aux quatre saisons distinctes du Canada, de la rigueur de l’hiver à la douceur de l’été. Ce sont les piliers sur lesquels vous pourrez construire une multitude de tenues, saison après saison.

L’erreur commune est de suivre des listes génériques conçues pour des climats tempérés. Au Canada, la polyvalence passe par la superposition et la technicité des matières. Un manteau doit être à la fois élégant et capable de résister à des températures négatives, un tricot doit offrir une chaleur respirante. La liste suivante n’est pas une prescription, mais une fondation stratégique, un « noyau climatique » pensé pour la réalité canadienne. Chaque pièce est une toile blanche prête à être personnalisée.

Voici les 12 actifs vestimentaires essentiels adaptés au contexte canadien :

  • Un manteau d’hiver de qualité (parka urbaine imperméable ou manteau en laine épaisse).
  • Un tricot en laine de mérinos, parfait pour une superposition efficace sans ajouter de volume.
  • Une chemise blanche classique en coton de qualité supérieure.
  • Un jean brut de qualité, à la coupe intemporelle, adapté aux quatre saisons.
  • Un pantalon habillé (en laine ou en sergé de coton) pour les contextes professionnels ou formels.
  • Un blazer structuré polyvalent, capable de rehausser un jean ou de compléter une tenue de bureau.
  • Deux t-shirts basiques (un blanc, un noir ou gris) en coton biologique ou Pima.
  • Une robe polyvalente qui peut passer du jour au soir avec un simple changement d’accessoires.
  • Une jupe midi adaptable, qui fonctionne aussi bien avec des bottes en hiver qu’avec des sandales en été.
  • Un pull en cachemire ou en laine locale, pour une touche de luxe et un confort inégalé.
  • Des bottines Chelsea imperméables, l’allié indispensable pour affronter la pluie et la neige fondue avec style.
  • Un trench-coat ou un imperméable léger pour la mi-saison.

Ces pièces ne sont pas destinées à être les seules de votre garde-robe, mais elles en constituent la colonne vertébrale. Elles assurent 80% de vos besoins et vous offrent la liberté d’ajouter quelques pièces plus tendances ou personnelles sans jamais perdre en cohérence.

Le guide pour reconnaître un vêtement de qualité (et ne plus jamais se faire avoir)

Investir dans sa garde-robe est une démarche financière autant que stylistique. Quand on sait que, selon Statistique Canada, 3344 $ par ménage sont dépensés en moyenne au Canada pour les vêtements et accessoires, il devient crucial de s’assurer que cet argent est bien placé. La différence entre un vêtement qui dure une saison et un qui vous accompagnera des années se cache dans des détails souvent invisibles au premier coup d’œil. Apprendre à les déceler est la compétence fondamentale pour sortir du cycle de la mode éphémère.

La qualité n’est pas une notion abstraite, elle est tangible. Elle se trouve dans la densité d’un tissu, la régularité d’une couture ou la solidité d’une fermeture. Un vêtement de qualité supérieure ne se déformera pas au premier lavage, ses couleurs resteront vives et son tombé impeccable. C’est cet ensemble de caractéristiques qui définit le « rendement » de votre investissement vestimentaire : un coût par port qui diminue avec le temps, contrairement aux pièces de fast fashion qu’il faut remplacer constamment. Pour mieux comprendre ces détails, l’image ci-dessous met en lumière ce qui distingue un travail d’artisan d’une production de masse.

Gros plan sur les détails de qualité d'un vêtement montrant des coutures parfaites et des finitions soignées

Comme le montre ce gros plan, des coutures doubles, des finitions nettes à l’intérieur du vêtement et des boutons solidement cousus sont des indicateurs qui ne trompent pas. Pour systématiser votre évaluation, la checklist suivante est votre meilleur outil lors de vos prochaines séances de magasinage.

Votre plan d’action pour évaluer un vêtement :

  1. Lecture de l’étiquette : Priorisez les fibres naturelles (coton, lin, laine, soie) et soyez sceptique face aux mélanges dominés par le polyester ou l’acrylique.
  2. Test du tissu : Pincez et froissez le tissu. Reprend-il rapidement sa forme ? Est-il dense et substantiel au toucher ? Tirez légèrement dessus pour tester son élasticité et sa résistance.
  3. Inspection des coutures : Les points sont-ils petits, serrés et réguliers ? Y a-t-il des fils qui dépassent ? Les coutures doubles (deux lignes de points parallèles) sont un signe de solidité, surtout pour les jeans et les pantalons.
  4. Examen des finitions : Vérifiez les boutons (sont-ils bien fixés ? y a-t-il un bouton de rechange ?), les fermetures éclair (la marque YKK est un gage de qualité) et l’alignement des motifs (sur un tissu à carreaux ou à rayures, les motifs doivent correspondre au niveau des coutures).
  5. Évaluation du tombé : Essayez le vêtement. Tombe-t-il naturellement sur votre corps ou crée-t-il des plis étranges ? La doublure (si présente) ne doit pas tirer ni faire de bosses.

En appliquant systématiquement ces points de contrôle, vous transformez un acte d’achat potentiellement impulsif en une décision d’investissement éclairée, garantissant que chaque nouvelle pièce est un véritable ajout de valeur à votre garde-robe.

Trouver le jean parfait : la mission n’est plus impossible

Parmi tous les actifs d’une garde-robe, le jean occupe une place à part. C’est sans doute la pièce la plus polyvalente et la plus portée. Mais c’est aussi l’une des plus difficiles à choisir. Une coupe inadaptée, un délavage qui vieillit mal ou une toile qui se détend après deux heures peuvent transformer cet allié potentiel en une déception coûteuse. Trouver le jean parfait n’est pas une question de chance, mais de compréhension de trois facteurs clés : la composition, la coupe et le coût juste.

Le prix est souvent un premier indicateur. Comme le souligne Naomie Caron, designer et fondatrice de SELFISH Swimwear à Montréal, la chaîne de production du denim est complexe et coûteuse. Investir dans un jean de qualité, c’est aussi faire un choix éthique.

Si tu vas plus bas que 70 $ pour un jeans, tu exploites beaucoup de monde. La chaîne de production est trop grosse pour que ce soit équitable.

– Naomie Caron, Designer et fondatrice de SELFISH Swimwear

Au-delà du prix, la composition de la toile est déterminante. Un jean 100% coton offrira une tenue et une patine incomparables avec le temps, mais sera plus rigide au début. L’ajout d’un faible pourcentage d’élasthanne (2-3%) apportera un confort immédiat, mais attention à ne pas dépasser ce seuil pour éviter que le jean ne se déforme. Le tableau suivant vous aidera à choisir la composition idéale en fonction de votre usage et du climat canadien.

Comparaison des compositions de jean selon l’usage
Type d’usage Composition idéale Saison Avantages
Quotidien actif 98% coton, 2% élasthanne Printemps/Été Confort et mobilité
Bureau/Ville 100% coton Toute saison Tenue parfaite, aspect classique
Hiver canadien Denim épais 14-16 oz (100% coton) Automne/Hiver Isolation thermique, durabilité
Activités extérieures Coton avec stretch technique (polyester/Tencel) Toute saison Résistance, séchage rapide

Enfin, la coupe doit avant tout flatter votre silhouette et correspondre à votre style de vie. Ne vous forcez pas à adopter une tendance (comme le très skinny ou le très large) si elle ne vous met pas en valeur. Un jean droit ou légèrement fuselé (slim-straight) reste la valeur la plus sûre et la plus intemporelle.

L’art de la polyvalence : comment créer 5 looks avec une seule chemise blanche

Le véritable test d’une garde-robe stratégique n’est pas le nombre de pièces qu’elle contient, mais le nombre de tenues qu’elle peut générer. C’est ce que nous appelons le rendement stylistique d’un vêtement. Une pièce de haute qualité et bien choisie n’est pas un simple objet, mais une plateforme pour de multiples expressions de style. La chemise blanche en coton de qualité est l’archétype de cet actif à haut rendement. Seule, elle peut paraître simple, mais combinée intelligemment, elle devient le pivot d’une garde-robe incroyablement polyvalente.

L’idée est de la décontextualiser. Portée seule et boutonnée, elle est formelle. Ouverte sur un t-shirt, elle devient une surchemise décontractée. Nouée à la taille sur une robe, elle apporte une touche estivale. Glissée sous un pull en laine avec le col et les poignets qui dépassent, elle structure une silhouette hivernale. Le potentiel est immense, à condition de cesser de la voir comme une pièce unique et de la considérer comme un connecteur de style. Cette philosophie est au cœur de la méthode de la garde-robe capsule.

Étude de Cas : La règle des 3 de Caroline pour une polyvalence maximale

Caroline, du blog Un-fancy, est une référence en matière de garde-robe capsule. Avec une sélection stricte de 37 pièces par saison, elle a démontré qu’il était possible de créer 58 tenues différentes pour le printemps. Son secret réside dans une « règle des 3 » ingénieuse : pour chaque catégorie de vêtements (jupes, pantalons, etc.), elle choisit un élément classique, un élément plus audacieux (« fun ») et un entre-deux. Cette approche assure un équilibre parfait entre intemporalité et personnalité, prouvant qu’un nombre limité de pièces bien choisies offre une créativité quasi infinie.

Voici 5 exemples concrets pour maximiser le rendement de votre chemise blanche :

  1. Le look de bureau classique : Portée fermée, glissée dans un pantalon habillé avec un blazer. Simple, efficace, intemporel.
  2. La tenue de week-end décontractée : Laissée ouverte comme une veste légère sur un t-shirt basique et un jean, avec des baskets.
  3. L’approche estivale : Nouée à la taille par-dessus une robe d’été ou avec une jupe midi pour définir la silhouette.
  4. La superposition hivernale : Glissée sous un pull en maille (col rond ou V), en laissant dépasser le col et les poignets pour une touche de sophistication.
  5. Le style audacieux : Portée seule, entièrement boutonnée jusqu’en haut, avec un collier statement par-dessus et un pantalon large pour un look plus mode.

Chaque pièce de votre noyau vestimentaire devrait pouvoir être portée d’au moins trois manières différentes. Si ce n’est pas le cas, il ne s’agit peut-être pas d’un bon investissement pour votre garde-robe capsule.

Le piège des faux basiques : ces pièces que vous pensez intemporelles et qui ne le sont pas

L’un des plus grands paradoxes de la garde-robe moderne est résumé par un constat frappant : des études sur les habitudes vestimentaires montrent que seulement 20 % de nos vêtements sont portés régulièrement. Les 80% restants sont souvent ce que l’on pourrait appeler des « faux basiques ». Il s’agit de pièces que nous achetons en pensant qu’elles sont des classiques intemporels, mais qui, en réalité, sont soit datées, soit inadaptées à notre style de vie ou à notre environnement. Elles encombrent notre espace mental et physique, et sont la cause principale du sentiment « d’avoir un placard plein mais rien à se mettre ».

Un faux basique est souvent une pièce qui a été un véritable basique à une époque, mais dont la coupe, la matière ou l’usage est devenu obsolète. Le blazer aux épaulettes très marquées des années 80 en est un exemple caricatural. Mais les pièges sont aujourd’hui plus subtils. Une ballerine classique, par exemple, peut sembler intemporelle, mais au Canada, son manque de support et sa semelle fine la rendent impraticable une grande partie de l’année. Un vrai basique, à l’inverse, est défini par sa fonctionnalité et sa capacité à transcender les micro-tendances.

Identifier ces faux basiques dans sa propre garde-robe est un exercice de lucidité essentiel. Cela implique de se poser des questions honnêtes : « Quand ai-je porté cette pièce pour la dernière fois ? », « Est-ce que je me sens vraiment bien dedans ? », « Est-elle confortable et pratique pour mes activités quotidiennes ? ». Un blazer peut être magnifique sur un cintre, mais si sa coupe est trop rigide et vous empêche de bouger, il restera au placard. La distinction est cruciale : un vrai basique vous sert, alors que vous servez un faux basique en lui gardant une place qu’il ne mérite plus.

Faire le tri dans ces faux basiques libère non seulement de l’espace, mais clarifie aussi votre vision de ce qui constitue votre style réel. C’est une étape indispensable pour construire une garde-robe qui travaille pour vous, et non l’inverse.

L’art de l’entretien : les détails qui transforment une tenue ordinaire en un look soigné

Investir dans des vêtements de qualité n’est que la première étape. Pour que cet investissement soit rentable sur le long terme, il faut le protéger. L’entretien est souvent le parent pauvre de la gestion de garde-robe, alors qu’il est le facteur qui distingue un look simplement correct d’un look véritablement soigné. Un pull en laine bouloché, des bottes marquées par le sel de déneigement ou une chemise mal repassée peuvent ruiner l’effet de la pièce la plus chère. L’élégance se niche dans ces détails d’entretien.

Au Canada, l’entretien prend une dimension particulière en raison des conditions climatiques extrêmes. L’hiver, notamment, met nos vêtements à rude épreuve. Le calcium sur les routes, l’humidité et les variations de température exigent des gestes spécifiques pour préserver la durée de vie de nos « actifs » les plus précieux, comme les manteaux en laine et les bottes en cuir. Loin d’être une corvée, ces rituels d’entretien sont une forme de respect pour les objets que nous avons choisis et pour l’investissement qu’ils représentent.

Adopter les bonnes pratiques prolonge non seulement la beauté de vos vêtements, mais réduit aussi votre impact environnemental en espaçant les remplacements. Voici un guide de survie pratique pour l’entretien de votre garde-robe, avec un accent particulier sur les défis de l’hiver canadien :

  • Nettoyer les taches de calcium sur les bottes : Préparez une solution à parts égales de vinaigre blanc et d’eau tiède. Tamponnez doucement les taches avec un chiffon propre imbibé du mélange jusqu’à ce qu’elles disparaissent.
  • Entretenir une parka en duvet : Lavez-la en cycle délicat à froid, avec une lessive douce. Au séchage, ajoutez deux ou trois balles de tennis propres dans la sécheuse à basse température pour aider à regonfler et redistribuer le duvet.
  • Rafraîchir les pulls en laine : La laine est naturellement autonettoyante et antibactérienne. Plutôt que de laver un pull après chaque port, aérez-le à l’extérieur par temps sec et froid pendant quelques heures.
  • Imperméabiliser régulièrement : Appliquez un spray imperméabilisant sur vos chaussures et manteaux d’extérieur au début de la saison et après chaque nettoyage pour maintenir une barrière protectrice contre l’humidité.
  • Utiliser des cintres en bois de cèdre : Le cèdre absorbe l’humidité et son odeur naturelle repousse les mites, protégeant ainsi vos lainages.
  • Ranger les tricots pliés : Ne suspendez jamais vos pulls et tricots lourds. Le poids de la maille les déformera au niveau des épaules. Rangez-les pliés à plat dans un tiroir ou sur une étagère.

En maîtrisant l’art de l’entretien, vous assurez non seulement la longévité de vos pièces, mais vous élevez aussi l’apparence de chaque tenue, projetant une image de soin et d’attention au détail.

Quelle est votre morphologie ? Le guide pour enfin le savoir et choisir les bonnes coupes

Comprendre sa morphologie n’est pas une injonction à se conformer à des règles rigides, mais un outil puissant pour faire des choix éclairés. Il ne s’agit pas de cacher des parties de son corps, mais de savoir créer l’harmonie et l’équilibre visuel pour se sentir parfaitement à l’aise dans ses vêtements. Au Canada, cette compréhension est d’autant plus cruciale qu’elle doit s’adapter à une contrainte majeure : la superposition (ou *layering*). Savoir comment agencer les couches sans alourdir sa silhouette est un art qui dépend directement de sa morphologie.

L’erreur commune est de penser sa silhouette uniquement en été. Or, une garde-robe fonctionnelle doit l’être 12 mois par an. Une veste qui tombe parfaitement sur un t-shirt peut devenir contraignante sur un pull épais. Le véritable défi est de choisir des pièces dont la coupe permet une superposition élégante. Cela a aussi un impact environnemental indirect. En choisissant mieux, on achète moins et on réduit son empreinte. Des études estiment que la consommation de mode des Canadiens génère environ 335 kg d’équivalent CO₂ par habitant chaque année; choisir des vêtements durables et adaptés est donc un geste significatif.

Voici comment adapter le principe de superposition à votre morphologie pour rester élégant(e) même emmitouflé(e) :

  • Morphologie en A (hanches plus larges que les épaules) : L’objectif est d’attirer l’attention sur le haut du corps. Privilégiez les vestes structurées qui élargissent les épaules, les cols travaillés et les superpositions de couleurs claires ou vives en haut.
  • Morphologie en V (épaules plus larges que les hanches) : Équilibrez la silhouette en donnant du volume au bas. Optez pour des pantalons à coupe droite ou large, des jupes évasées et des couleurs ou motifs sur vos bas. Évitez les épaulettes marquées.
  • Morphologie en H (épaules et hanches alignées, taille peu marquée) : Le but est de créer une illusion de taille. Jouez avec des ceintures fines portées sur un pull ou une veste ouverte, et privilégiez les coupes droites qui suivent la ligne naturelle du corps sans la mouler.
  • Morphologie en O (rondeurs réparties, taille peu marquée) : Allongez la silhouette avec des lignes verticales. Préférez les matières fluides, les coupes droites, les vestes et gilets longs portés ouverts, et les encolures en V.
  • Morphologie en X ou 8 (épaules et hanches alignées, taille marquée) : Votre atout est votre taille. Soulignez-la systématiquement, même en hiver, avec des manteaux ceinturés, des pulls fins rentrés dans le pantalon ou des vestes cintrées.
  • Astuce universelle : La règle des « trois couches maximum visibles » est un bon garde-fou pour éviter l’effet « bonhomme Michelin » tout en restant au chaud.

En fin de compte, ces conseils sont des guides, pas des lois. Le plus important est de vous sentir confiant et à l’aise. La connaissance de votre morphologie vous donne simplement le pouvoir de choisir ce qui vous mettra le plus en valeur.

À retenir

  • Une garde-robe parfaite est un système stratégique : pensez en « actifs vestimentaires » plutôt qu’en « achats impulsifs ».
  • La qualité est un investissement rentable : apprenez à la reconnaître dans les détails pour un coût par port minimal sur le long terme.
  • La polyvalence et l’entretien adapté au climat canadien sont les deux piliers de la durabilité et de l’élégance au quotidien.

Les détails qui font tout : l’art de maîtriser les couleurs et les accessoires

Une fois les fondations de votre garde-robe posées – des pièces de qualité, des coupes adaptées, une polyvalence maîtrisée – vient l’étape la plus personnelle et créative : la finition. Ce sont les couleurs et les accessoires qui insufflent de la vie et de la personnalité à votre noyau de basiques. C’est là que votre style unique s’exprime. Une même tenue (jean, t-shirt blanc, blazer) peut être radicalement transformée par une paire de chaussures, un foulard en soie ou la couleur d’une ceinture. Maîtriser ces détails, c’est maîtriser l’art de ne jamais être ennuyeux, même avec une garde-robe minimaliste.

La couleur est le premier outil. Construire sa palette personnelle est essentiel. Elle se compose généralement de 2 à 3 couleurs neutres de base (noir, marine, gris, beige, kaki) qui forment la majorité de vos pièces principales, et de 2 à 3 couleurs d’accent plus vives ou personnelles que vous utilisez pour les hauts, les accessoires ou les pièces plus fortes. S’inspirer des couleurs saisonnières du paysage canadien est une excellente façon de créer des palettes harmonieuses et pertinentes.

Le tableau suivant propose des palettes de couleurs inspirées par les saisons canadiennes, un excellent point de départ pour définir la vôtre.

Palettes de couleurs saisonnières inspirées du Canada
Saison Palette principale Couleurs d’accent Inspiration canadienne
Automne Camel, bordeaux, marine Ocre, rouille Érables québécois
Hiver Gris, noir, crème Bleu glacier, vert sapin Rocheuses enneigées
Printemps Beige, blanc cassé, taupe Rose poudré, vert tendre Floraison printanière
Été Blanc, marine, kaki Corail, turquoise Lacs et forêts

Les accessoires, quant à eux, sont les modificateurs de style par excellence. Une belle ceinture en cuir, un sac de qualité, une montre élégante, un foulard coloré ou des bijoux bien choisis sont des investissements tout aussi importants que vos vêtements. Ils ont le pouvoir de faire passer une tenue de décontractée à sophistiquée en un instant. La règle est la même que pour les vêtements : privilégiez la qualité à la quantité. Mieux vaut une belle montre qui durera toute une vie que dix gadgets qui se démoderont en une saison.

Pour que votre style soit une véritable signature, il est fondamental de ne jamais oublier comment les couleurs et les accessoires finalisent une silhouette.

En fin de compte, construire sa garde-robe parfaite est un marathon, pas un sprint. C’est un processus continu d’apprentissage et d’ajustement. Commencez dès aujourd’hui à auditer votre garde-robe actuelle, non pas comme une corvée, mais comme la première étape excitante vers un style plus libre, plus durable et plus authentiquement vous.

Questions fréquentes sur la garde-robe parfaite

Pourquoi la ballerine classique n’est-elle pas adaptée au Canada?

La ballerine classique manque de support et d’adhérence pour les conditions météo variables canadiennes. Les alternatives comme le mocassin à semelle crantée ou la bottine Chelsea offrent plus de protection et de stabilité.

Comment reconnaître un blazer à la coupe datée?

Un blazer daté présente souvent des épaulettes très marquées, une longueur excessive et une coupe très ajustée à la taille. Les coupes modernes privilégient des épaules plus naturelles et une silhouette plus fluide.

Quels sont les vrais basiques intemporels?

Les vrais basiques incluent le t-shirt en coton de qualité, le jean bien coupé, la chemise blanche, le pull en maille fine et le manteau classique adapté au climat local.

Rédigé par Amélie Lavoie, Ancienne acheteuse pour de grands magasins et aujourd'hui styliste personnelle depuis 7 ans, elle aide ses clients à développer un style authentique et durable, loin des diktats de la mode éphémère.